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Nick Cave and the bad seeds , Push the sky away : profonde(s) intimité(s)

6 Mars 2013 , Rédigé par Asoliloque Publié dans #nick cave, #bad seeds, #album, #critique, #rock, #alternatif, #chanson, #jubilee street, #higgs boson blues

Même si cela devient une habitude, je suis toujours estomaqué par les incroyables capacités du hasard à influencer notre existence. Les mystiques un peu allumés parleront eux de destin, pour ma part, je ne m'aventurerai pas sur ce terrain, mais l'idée est la même. Quoiqu'il en soit, c'est après avoir découvert un album génial qu'on se demande comment on aurait fait pour vivre sans, si le vide se serait comblé autrement. Sans doute. Sans doute même qu'à cet instant, je rate encore nombre de perles à écouter Nick Cave en boucle.

 

Même si je connais un peu le mec depuis des années (pas personnellement, je vous rassure), je dois avouer que je ne m'étais jamais penché sur ses compositions. En réalité, j'ai failli lire un de ses romans, La mort de Bunny Munro, sorti en 2010, retraçant le portrait d'un obsédé sexuel addict à la drogue, à l'alcool et toutes ces joyeusetés. En bref, une autobiographie. Finalement, je ne l'ai pas fait , mais je pense que je vais rapidement régler ce manque.

 

Et puis soudain, alors que j'avais eu quelques retours des inrocks notamment, sur ce nouvel album, je suis tombé sur la pochette. Les femmes nues ont toujours eu un talent particulier pour attirer le regard, ne nous voilons pas la face, mais au delà de ça, il se cachait au sein de visuel une pureté et une sobriété étonnantes, intrigantes. Alors, je me suis laissé tenter, me disant qu'après Alexis HK, je pouvais bien faire une infidélité de plus à mes chanteuses.

 

C'est quelque chose d'assez incroyable, l'évidence. C'est peut-être bien la seule chose qui puisse caractériser uniquement l'amour par rapport au reste, cette absence de besoin de chercher des raisons à une attirance. Cette incroyable exaltation qu'on refuse d'expliquer, tant on a l'impression qu'on briserait la magie en voulant apposer des qualificatifs. Push the sky away est de cette trempe, celle de la claque dans la gueule, mais en douceur, sans jamais forcer, qui invite à se constituer prisonnier jusqu'au bout de la nuit.

 

Dans cet album, je retrouve l'atmosphère vocale pesante de Bashung, la poésie de Leonard Cohen, certaines instrumentations de Patti Smith (surtout le dernier), la folie du Velvet Underground quand les morceaux s'envolent. L'album, enregistré en France, est fort d'une âme incroyable, sensuelle et suave, qui s'accordent merveilleusement avec la mélancolie des textes. Musicalement, le guitariste principal du groupe ayant foutu le camp, une place bien plus importante a été accordée aux silences, mais également aux autres instruments, à savoir les percussions et le violon.

 

Nous obtenons alors des morceaux divins, de Jubilee Street (le « tube » de l'album) à Mermaids en passant par Water's edge, qui font leur effet dans la longueur, comme un voyage dans les tréfonds d'une ville en ruine. On plonge littéralement, le piano nous accompagne, la batterie nous met en transe, et la guitare sourde en fond nous enivre. Enfin, le violon lancinant se charge de donner le coup de grâce. Mais le chef d'oeuvre absolu de l'album qui en compte beaucoup, c'est sans doute Higgs Boson Blues (rien que le titre est d'une poésie folle). D'une durée de 8 minutes, avec cette fois la guitare qui reprend ses droits, le morceau gagne progressivement en intensité et fait office d'une des meilleurs balades rock que j'aie entendues à ce jour. La voix y est délicieusement traînante, et je me prends à rêver d'un duo avec Jennifer Charles, la chanteuse d'Elysian Fields...

 

Celles et ceux à qui la durée fait peur peuvent déjà se tourner vers We no who U R, Water's edge ou Mermaids (qui me fait franchement penser à Bashung, celle-là) où de beaux chœurs viennent habiter le morceau pour leur donner encore plus de puissance. Idéalement, tout l'album est recommandable (mon vinyle a été commandé dès la première écoute), et je ne peux que vous inviter à vous frotter cet objet dense et éclairant. Un petit miracle de rock alternatif pour ma part, dans l'espoir qu'il puisse procurer à quelques un(e)s les mêmes effets libérateurs.



L'album en écoute ici

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