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London Grammar, If you wait : Le métal et la poussière.

22 Septembre 2013 , Rédigé par Asoliloque Publié dans #critique, #album, #musique, #rock, #london grammar, #if you wait, #metal and dust, #wasting my young years

  Artiste : London Grammar

Album : If you wait

Année : 2013

Genre : rock alternatif

 

Critique : Il y a des albums qui vous réchauffent le corps et d'autres qui vous glacent les sangs. Pour prendre deux exemples de chanteuses qui me tiennent particulièrement à cœur, c'est un peu la différence entre une Alela Diane et une Anja Plaschg (alias Soap&Skin). Tout ça pour dire qu'il n'y a dans cette dichotomie aucun jugement de valeur, juste une distinction d'état. Quand j'avais découvert London Grammar il y a quelques temps, j'étais passé je l'avoue un peu vite et ils m'étaient sortis de la tête. C'est grâce à la sortie de leur premier véritable album que je suis retombé dessus et j'en suis heureux.

 

London Grammar est composé trois membres, Dat Major et Dan Rothman aux instruments, et Hannah Reid au chant (dont nous allons reparler), et est originaire... de Londres, ville qui ne m'attire pas plus que ça, mais qui semble une bonne source d'inspiration pour les groupes. Je crois assez peu aux spécificités d'une ville comme moteur d'identité musicale (dans la mesure où je pense pas que chaque ville ait une « couleur musicale » particulière), pourtant, une fois que l'on a fait la relation, Londres convient tout à fait à l'atmosphère du groupe.

 

Car London Grammar, c'est beaucoup de brume, de bitume, de jeunesse un peu délabrée, de repères qui s'effritent. C'est sombre, triste, un peu glauque, mais on sait qu'il y a beaucoup de beauté dessous, ou peut-être au dessus, qu'il faut gratter sous la peinture rouillée ou lever les yeux par delà les gratte-ciels gris. Difficile de donner un vrai nom à leur musique (vous savez comme les catégories me saoulent) : rock indé, ambiant rock... Le groupe s'appuie en tout cas sur des mélodies majoritairement mélancoliques au piano / guitare, bien soutenus par des percussions rapides, mais dont le mixage confère à l'ensemble une ambiance très éthérée, fantomatique. Certains morceaux me rappellent Esben and the Witch (à propos desquels je n'ai finalement pas fait d'article...), eux originaires de Brighton, pas très loin au sud de Londres.

 

Mais ce qui fait la grande force de London Grammar, et qui permet aux morceaux de prendre leur véritable ampleur, c'est évidemment la voix de Hannah Reid. En fait, quand je l'ai entendue pour la première fois, je me suis dit « Tiens, voilà ce que pourrait donner Birdy avec quelques années de plus et un véritable groupe». Je dirais même un mix entre Birdy, pour la pureté, et la chanteuse du groupe Austra, pour la froideur et la précision. Je ne sais pas quel âge a Hannah Reid, mais je doute qu'elle ait dépassé les 25 ans, et faire preuve d'une telle maturité vocale aussi tôt est assez rare.

 

Au delà de la maturité, c'est surtout cette impression d'inaccessibilité. Le chant flotte au dessus du reste, laisse planer son ombre menaçante, déclame ses paroles pas super drôles, ne semble pas vouloir nous rassurer plus que ça. Mais elle ne sombre jamais dans le sur-jeu, dans les envolées lyriques qui pourraient se révéler gonflantes (il y en a quelques unes, mais justifiées). Il y a suffisamment d'émotions dans sa voix au naturel pour qu'elle ne développe pas une posture supplémentaire. Cette froide sobriété donne paradoxalement beaucoup de personnalité au groupe.

 

C'est un album que je me plairais à écouter la nuit (je sais, vous allez me dire que tout est bien à écouter la nuit) à la périphérie des villes, avec l'autoroute en fond où les bagnoles ne sont que des traînées rouges sur ciel bleu marine. Il y a des terrains vagues, des balançoires en ruines, ça sent le métal et la poussière.

 

« And all foundation that we made
Built to last, they disintegrate
And when your house begins to rust
Oh it’s just, metal and dust »

 

Soyez-en sûr-e-s, ce groupe va nous donner froid, mais il va cartonner.

 

L'album en écoute

 

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